Berbère, libre et fier de l'être ...


Les Amazigh, combattants de la liberté !!

Berbère, libre et fier de l'être !!

Qui sont-ils les Berbères ?

Les Berbères constituent le peuple autochtone d'Afrique du Nord, présent depuis la plus haute Antiquité dans cette région. Aujourd'hui il subsiste une trentaine de millions de berbérophones occupant des territoires plus ou moins vastes, répartis sur une dizaine de pays : Maroc (Rif, Atlas, Sous), Algérie (Kabylie, Aurès, Chenoua, M'zab), Tunisie, Libye, Egypte (oasis de Siwa), Canaries, et le pays touareg découpé par les frontières de six Etats (Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Libye, Algérie). Alors que l'appellation«berbère» qui vient du latin barbarus,est le nom donné par les Romains à tous les peuples qui leur étaient étrangers, les Berbères se désignent eux-mêmes par le terme d'«amazigh»qui signifie «homme libre».

Du VIIIesiècle avant J.-C. jusqu'au XIXesiècle de l'ère chrétienne, les Berbères ont eu à faire face à de nombreuses invasions (phénicienne, romaine, vandale, byzantine, arabo-musulmane, ottomane, française) qui se sont toutes déroulées dans la violence pour imposer la domination des conquérants.

Peuple méditerranéen et saharien, les Berbères constituent le substrat ethnique et socioculturel de l'Afrique du Nord auquel sont venues s'ajouter les composantes juive, européenne et arabe. Réputés pour leur hospitalité légendaire, les Berbères n'ont jamais livré bataille en agresseurs mais toujours en résistants défendant farouchement leur liberté et refusant de vivre sous domination. De tous les peuplements étrangers venus s'établir sur les terres berbères, seuls les juifs ont su vivre en harmonie avec les populations autochtones, partageant en partie leur mode de vie, parlant leur langue et les influençant en retour.

Sur le plan religieux, les Berbères ont toujours été pluriels : après avoir connu l'animisme et le paganisme, ils ont subi l'influence du judaïsme, du christianisme et de l'islam. Mais ces religions n'ont pas été adoptées de manière orthodoxe, elles ont toujours été adaptées à leurs coutumes et à leur mode de vie propres. Ainsi, le droit berbère, dit «azref», contrairement au droit musulman, est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Le Berbère est donc par essence laïque et égalitaire.

Après avoir consenti le plus lourd des sacrifices dans la lutte pour la décolonisation de l'Afrique du Nord, les Berbères se retrouvent aujourd'hui à vivre une situation inédite de«colonisation interne»qui n'a rien à envier à la colonisation d'hier. Par la négation de leur existence, par la falsification de leur histoire, par les interdits qui frappent leur expression culturelle, par la persécution implacable pouvant aller jusqu'au crime, comme c'est le cas en Kabylie, les Etats nord-africains mènent une politique ethnocidaire qui vise à effacer toute trace de berbérité encore vivante. A l'évidence, cette politique découle du rattachement artificiel de ces pays au monde arabe moyen oriental et son corollaire : une seule langue, l'arabe, et une seule religion, l'islam. Conformément à ces options fondamentales, les gouvernements de ces pays mettent un zèle particulier à poursuivre le processus d'arabisation entamé il y a plus de quatorze siècles, sous couvert de l'islam. Et l'amalgame entre la langue arabe érigée en langue«sacrée» du Coran et la religion musulmane est sciemment entretenu afin de culpabiliser les Berbères musulmans et de les empêcher de s'opposer à l'arabisation, véhiculée par l'islam.

Au besoin, les mosquées, l'école, les médias publics et la presse panarabiste s'emploient à cultiver le mépris et la haine des Berbères réfractaires à l'idéologie dominante, les présentant comme des sauvages bons à«civiliser», c'est-à-dire à arabiser ou des antimusulmans, des mécréants qu'il est légitime de combattre.

Au fur et à mesure qu'ils prennent conscience de ces stratagèmes, les Berbères reprennent confiance et s'organisent dans tous les pays où ils vivent, pour défendre leur droit à l'existence en tant qu'identité, en tant que peuple.

Après la révolte de la Kabylie en 1857 et la grande insurrection de 1871, les Kabyles engagés dans des régiments de zouaves (zouaoua) ont participé à toutes les guerres de Napoléon III et on les retrouve dans la Commune de Paris en 1871. Ils ont aussi joué un rôle considérable dans le développement de l’Algérie (cf. Jean Morizot : L’Algérie kabylisée, Peyronnet, 1962), puis dans la mise en place et l’organisation du protectorat français en Tunisie.

Vers la fin des années 1890, à partir de Marseille, leur môle traditionnel, ils se dirigent vers les villes et les régions industrielles du Centre, de l’Est, du Nord et de la région parisienne.

La contribution des Nord-Africains (surtout des Kabyles) à l’effort de guerre pendant la Première guerre mondiale est considérable, dans les forces armées comme dans les usines. C’est en s’intégrant dans le procès de production capitaliste moderne que les bergers et les colporteurs kabyles deviennent des prolétaires qui intègrent le mode de vie et les valeurs du mouvement ouvrier français.

En 1926, lorsque le PCF créé sur décision du Komintern, l’Étoile Nord Africaine, la très grande majorité des militants et cadres sont des travailleurs kabyles passés par l’école de l’usine et tous affiliés à la CGTU. L’Étoile a participé à tous les combats de la classe ouvrière française contre l’exploitation capitaliste, le racisme, l’antisémitisme et le fascisme. Luttant pour la défense des libertés en France, l’Etoile luttait dans le même temps pour le droit de peuple algérien à s’ériger en nation souveraine par un processus constituant..

Pendant la Seconde guerre mondiale, les Nord-Africains engagés dans l’Armée d’Afrique ont largement contribué à la libération de la France pour faire accepter en contrepartie de ce combat, la proposition du Mouvement du Manifeste et de la Liberté (AML) qui prévoyait qu’à la fin de la guerre, l’Algérie serait érigée en "État algérien autonome après la réunion d’une assemblée Constituante élue par tous les habitants de l’Algérie". Sur cette position, les Algériens se mobilisèrent dans les AML qui plébiscita le mot d’ordre de Constituante à son Congrès de mars 1945. On connaît la réponse du GPRF du général de Gaulle : la répression de Sétif et de Guelma.

En 1954, après le congrès d’Hornu, les messalistes préparent l’insurrection. Instrumentalisé par Gamal Nasser, Mohamed Boudiaf déclenche les actions de la Toussaint pour attirer la répression contre les messalistes et imposer le FLN. Soutenu par une coalition internationale et la gauche française, le FLN devenu en 1958 le GPRA, écrasa en Algérie comme en France le MNA. Il signa les Accords d’Évian, mais avant son entrée en Algérie, il explosa et c’est Ben Bella soutenu par l’armée des frontières qui accède au pouvoir et crée avant de disparaître un Etat fondé sur le parti unique avec l’islam comme religion d’État. L’indépendance acquise, le pouvoir algérien a mené une guerre permanente contre le peuple algérien et en particulier contre la Kabylie restée fidèle à ses valeurs.

L'immigration berbère en France est l'une des plus anciennes puisqu'elle remonte à la fin du XIXe siècle. Elle répondait à la fois aux besoins de mobilisation des soldats en période de guerre (Première et Seconde Guerres mondiales) et au déficit de main-d'œuvre, notamment dans les secteurs de l'industrie et du BTP. On estime actuellement l'immigration berbère à environ deux millions d'individus, contribuant en toute discrétion à l'épanouissement économique, scientifique, artistique et sportif de la France. Il est utile de rappeler par exemple que : Edith Piaf, Daniel Prévost, Isabelle Adjani, Zidane et bien d'autres personnalités de tous horizons, sont le fruit de cet apport berbère.

Depuis un an, les "révolutions arabes" n’ont pas encore créé des États de droit fondés sur la démocratie et c’est une vague verte qui l’emporte par la voie électorale en Afrique du Nord, sans parvenir encore à écraser le printemps amazigh.

Synthèse : D.TOUAHRI.


07/05/2011
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