Un village, une histoire !
Village SELLOUANA !!
«Cité Si Moussa»
Le rôle et le privilège de souhaiter la bienvenue aux voyageurs venus de l'est lui sont de tous temps dévolus. Plus connue sous l'appellation de Sellouana que son patronyme d'état civil, Cité Si Moussa, la périphérie immédiate d'Ighzer Amokrane est séparée des autres quartiers par le célèbre pont éponyme. Les premières demeures de Sellouana y sont implantées durant la période d'avant guerre, mais elles étaient rares à cette époque.
Il aura fallu que la localité d'ouzellaguen soit érigée en commune (Mairie d'Ouzellaguen) à partir de 1956 pour voir ce quartier précurseur étoffé de part et d'autre de maisonnettes qui affichent le luxe de posséder des chambres à l'étage ; ce qui est appelé communément «Tiγurfatin».Une virée à travers les dédales de Sellouana a toutefois de quoi heurter notre affectivité tant certaines maisonnettes râpées par l'usure subissent saison après saison les aléas du temps et les caprices de la vieillesse. Indifférentes, ces demeures s'exhibent comme pour dire aux passants « Scrutez nos murs défraîchis ! Nous n'avons plus rien à dissimuler, il fallait venir nous voir à nos premières heures ! » Dans une tentative d'exhumer une gloire érodée par l'insensibilité d'un destin implacable.
Les petites gens de Sellouana sont à l'image de sa configuration. Ses jeunes sont passés maîtres dans la tournure. Ils savent raconter des anecdotes comme très peu de gens savent le faire. Mêlant l'humour incisif à l'ironie du sort, les citoyens trouvent là une excellente parade pour tourner en dérision les difficultés de la vie qui n'a de cesse aiguisé ses aiguillons pour les provoquer dans d'éternels duels. Artistes, ils le sont pour la plupart dans l'âme. Ils ont sur ce registre, inscrit en lettres d'or le mérite d'avoir élevé le style Châabi au degré de passion partagée.
Mon oreille musicale a fini par apprendre à reconnaître les complaintes émises par les cordes des instruments et les cordes vocales de ces jeunes ténors. Ils ont à cet effet, la primauté au Club Sportif de Proximité et à la Maison de Jeunes d'Ighzer pour le calme et la quiétude que leur offrent ces deux lieux de distraction et de culture. Un nom me vient machinalement à l'esprit : celui de Ferhat Hemmai, qui au-delà de son amabilité est l'un des rares, voire l'unique à savoir faire gémir un violon de la sorte. Je l'ai toujours croisé accompagné de son instrument - mascotte.
D'autres ambassadeurs représentent dignement Sellouana, à l'image de Si M'hend, le boulanger de naissance, de Si Mahmoud (le coiffeur) qui occupe un réduit d'à peine 4 m² au coin de la mosquée, mais qui lui suffit pour débarrasser tous les locataires de Sellouana de leurs excès de capillarité. Sinon, comment oublier si taharà qui nous avons consacré naguère un espace sur ce même site. Sa préférence pour ses compatriotes de Sellouana était tellement évidente qu'il était considéré par tous comme un grand-père. On raconte qu'il avait chargé Tazwawt de préparer le couscous de ses funérailles. Si Tahar décédait trois jours après. L'aimable Tazwawt a bel et bien accompli la dernière volonté du disparu. Très émouvant !
Marquons l'apothéose sur une pointe d'humour : il est de notoriété Ighzéroise que le commun des habitants de Sellouana a peu de chance de s'en sortir sans le moindre sobriquet. On y collectionne alors des pseudos aussi affectifs que saugrenus qui collent aux individus et parfois même aux familles, à telle enseigne que la tendance est à l'effacement du vrai nom.
Une Anecdote du genre est arrivée à un passager d'infortune auquel la roue de son véhicule est coincée dans une crevasse. Il est venu à Sellouana chercher un tracteur pour tirer son véhicule de la fosse. On lui répondit qu'il fallait attendre soit le Commissaire, ou soit le Ministre. Le malheureux était apostrophé car loin d'imaginer qu'il fallait requérir un tel palier de la puissance publique pour dépanner sa bagnole. Les imminents commis de l'Etat en question n'étaient en fait que des jeunes de Sellouana affublés de sobriquets et exploitants de tracteurs agricoles pour transporter moult marchandises. Ils étaient en effet les seuls à le tirer d'affaire.
Par : Chérif
TOUAHRI.
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